AccueilActualitésThierry Morel : "Entretenir les routes pour penser aux mobilités de demain"

Thierry Morel : "Entretenir les routes pour penser aux mobilités de demain"

Décriée, la route est néanmoins indispensable, selon Thierry Morel, président de Route de France Aura. Et son entretien doit redevenir une priorité.
Le secteur de la route espère réduire ses émissions de carbone de 57 % d'ici 2030.
©Shutterstock - Le secteur de la route espère réduire ses émissions de carbone de 57 % d'ici 2030.

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Face à un marché toujours inflationniste, comment vont les entreprises du secteur de la route en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Thierry Morel, président de Routes de France Auvergne-Rhône-Alpes : "Globalement, les chiffres d'affaires sont en progression, de 4 à 5 %. Cela s'explique par l'inflation et les prix de vente. En revanche, l'activité, elle, est plutôt en retrait, de 1 à 3 %. Ce qui correspond à la tendance nationale."

Vous êtes toujours confronté à des matériaux aux coûts très élevés ?

Oui, même si nous allons rentrer dans la traditionnelle diminution hivernale des prix du bitume. Mais c'est quelque chose de classique, qui s'apparente à une technique de vente des pétroliers. Pour le reste, la grosse inflation s'est calmée, même si les niveaux restent très élevés. Depuis 2020, 2021, certains matériaux ont doublé. Je n'avais jamais connu ça en 30 ans de carrière.

Pour Routes de France, l'activité va ralentir en 2024

Quelles sont les perspectives pour 2024 ?

La profession a le moral, même si, c'est vrai, il faut s'attendre à un certain ralentissement. Ça ne sera pas vrai partout, puisqu'à Lyon ou à Clermont, de gros chantiers vont être lancés et vont soutenir l'activité. Mais ailleurs, ça sera plus compliqué.

©Eiffage. Thierry Morel, président de Routes de France Aura.

La crise du logement, généralement générateur de travaux de voiries, peut expliquer ce phénomène ?

Oui, puisque la part des travaux que nous faisions avec des opérateurs privés est en très fort ralentissement. Et ça va continuer à se rétrécir. Il faut tout de même nuancer ce phénomène puisque le privé représente environ 30 % de notre activité. Mais de façon générale, notre activité est sinusoïdale. Là, on est dans une phase de descente, néanmoins, on remontera. Même s'il est vrai qu'à chaque fois, la remontée est moins haute que la précédente. L'activité se tasse depuis pas mal d'années.

"Dire qu'il faut entretenir la route ne veut pas dire tendre la main pour que l'on nous donne des commandes"

Lors des rencontres régionales de la route organisée le 8 novembre à Limonest, vous avez pu échanger avec vos clients, les collectivités. Qu'avez-vous pu leur dire ?

Nous avons surtout voulu redonner à la route ses lettres de noblesse. Même si elle a mauvaise presse, elle est indispensable à notre quotidien, puisque 90 % du transport se fait par la route. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons un patrimoine de 153 000 kilomètres de route.

C'est capital de l'entretenir. Dire cela ne veut pas dire tendre la main pour que l'on nous donne des commandes. C'est surtout penser aux mobilités et usages de demain. Construire de nouveaux tronçons, on le voit bien avec l'A69 dans le Sud-Ouest, ça va être de plus en plus compliqué. Mais entretenir le patrimoine existant, c'est indispensable.

Justement, Routes de France s'est engagé à réduire son empreinte carbone. Comment ?

Le secteur des TP s'est engagé sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% à horizon 2030 (NDLR : par rapport à 1990). En 2019, les entreprises de la route étaient déjà à -36 % d'émission. Et si on continue sur la même ligne, c’est-à-dire, la décarbonation dans nos usines de production d'enrobés, la décarbonation de nos techniques de travaux et la décarbonation de notre transport, en 2030, on aura réduit de 57 %.

Pour Thierry Morel de Routes de France, "la profession arrivera en 2030 au bon endroit"

Concrètement, ça se traduit comment ?

Pour la production d'enrobé, pour décarboner il faut moins chauffer, ou chauffer autrement. Ce que l'on fait déjà en utilisant des biogaz ou avec les enrobés tièdes. Le recyclage est aussi un levier important. On est aujourd'hui à 22 % d'enrobés recyclés. Pour nos camions, si on utilise des biocarburants, les quantités sont contingentées. Donc pour le moment, c'est compliqué de faire plus. Néanmoins, avec tout ça, notre profession arrivera en 2030 au bon endroit.

Et le secteur continue à innover ?

Chaussée drainante, recyclage, liant végétal, enrobé projeté à froid… Il y a beaucoup d'innovations proposées actuellement. Le groupe Eiffage auquel j'appartiens travaille également sur un système de circulation d'eau dans la chaussée qui permet de récupérer des calories l'été et de les réutiliser l'été. On est toujours dans le stade expérimental mais ça avance. Comme ce qu'on fait avec les routes à induction pour recharger les voitures électriques.

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