Pourquoi avez-vous créé l’association Résiliances ?
Je suis juriste et urbaniste pour les territoires. Mon rôle consiste à prendre en compte les risques majeurs dans l’aménagement. Or, je me suis rendue compte que les activités économiques étaient peu ciblées en matière de prévention des risques majeurs par les pouvoirs publics. On sensibilise les citoyens, on mène des actions auprès des scolaires, mais assez peu auprès des entreprises, qui ne sont pas assez préparées face aux risques de catastrophe ! Auvergne-Rhône-Alpes est particulièrement concernée avec la présence d’activités nucléaires, de sites Seveso seuil haut, de cours d’eau, de montagnes…
De nombreuses entreprises sont exposées. Nous avons donc créé Résiliances en 2017 avec Lætitia Flye Sainte Marie et cinq autres entreprises (Efectis, Esthi, Cedralis, Cereg et LBSD). L’objectif est de favoriser la prise en compte des risques majeurs naturels (inondations, sécheresses, séismes, avalanches, etc.) et technologiques (risques nucléaires, industriels, etc.) dans les politiques de sécurité des entreprises. Nous rassemblons à l’échelle nationale des entreprises exposées aux risques et d’autres porteuses de solutions.
Quelles actions menez-vous pour accompagner les entreprises par rapport à ces risques ?
Nous sensibilisons dirigeants et salariés à la connaissance et à la prise en compte de ces risques majeurs et sur la façon de les prévenir. Il s’agit d’identifier ces risques et de les inscrire dans le document unique, de former les salariés et mettre en place des mesures de prévention et de protection. Cela peut concerner, par exemple, la canicule et les conditions de travail. Nous créons nos propres documents d’accompagnement des salariés et des dirigeants et sommes en passe de devenir un organisme de formation. Nous avons également mené une action expérimentale auprès de dix entreprises : la mise en place du "Résiscore", un score de résilience, qui permet d’évaluer le niveau de préparation aux risques majeurs d’une entreprise. Suite à cet audit, 50 % des entreprises voient un nouveau risque ! Ensuite, nous proposons à l’entreprise un plan d’actions.
Comment travaille Résiliances avec le secteur du BTP ?
Parmi nos adhérents, certains proposent des solutions en lien avec le bâti, visant à diminuer la vulnérabilité des activités. Des bureaux d’études peuvent ainsi plugger leurs solutions dans des projets d’immobilier d’entreprise. Par exemple, nous comptons parmi nos membres Esthi France, qui développe des systèmes de protection amovible face aux inondations.
En quoi consiste le projet "A+", projet d’accompagnement des entreprises du BTP ?
Entre 2021 et 2023, Résiliances a répondu à un appel à projets lancé par l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) pour favoriser l’adaptation des entreprises au dérèglement climatique. Il s’agissait de travailler sur l’atténuation de l’impact écologique des adhérents de l’association. Quatre entreprises du BTP ont accepté de faire le point sur leur fonctionnement : le bureau d’études Prolog Ingénierie, l’économiste de la construction SCT (Seymarc Conseil Travaux), une entreprise de maîtrise d’œuvre tous corps d’état, Métiista éco-rénovation et une entreprise de menuiserie, Amalgame.
Ces entreprises ont été accompagnées par deux expertes, l’une en ressources humaines, Yseult Périlhou de Cohermens, et l’autre en bilan carbone, Hélène Miscopein, de Climat Mundi, sur l’adaptation au changement climatique. Elles ont réfléchi à la manière de réduire leur impact avant de mettre en place un plan d’actions comme, par exemple, trouver un financement pour effectuer les livraisons en vélo-cargo, changer de produits ménagers, ou limiter l’impact du numérique.
Quels sont les projets en cours ou à venir pour l’association ?
Nous allons continuer de développer les audits Résiscore et nos actions de formation, standardiser nos process pour toucher plus d’entreprises. Nous allons développer des partenariats avec d’autres associations nationales de prévention des risques majeurs, en participant notamment à la campagne d’information sur les risques industriels majeurs en Auvergne-Rhône-Alpes, qui va débuter le 5 octobre.