Rénover énergétiquement un parc de 585 000 logements en Auvergne-Rhône-Alpes, voilà le défi auquel le secteur est confronté depuis quelques décennies. "C'est même une priorité depuis le choc pétrolier de 1974, date à laquelle les bailleurs sociaux se sont posés la question de l'énergie, indique Aïcha Mouhaddab, directrice d'Aura HLM, association des organisations HLM d'Auvergne-Rhône-Alpes. Mais il est vrai que depuis quelques années, il y a un effort particulier qui a été fait."
En effet, 9 000 logements changent d'étiquette énergétique chaque année à la suite d'une rénovation dans la région. "Ça représente un investissement qui va de 25 à 100 000 euros par logement, soit 400 millions d'euros par an, financés principalement par des prêts."
Rénovation énergétique du parc HLM : pour Aura HLM, il faut "arrêter avec la politique des petits pas"
Une enveloppe titanesque qui, pourtant, ne suffit pas selon beaucoup de professionnels du logement social. "Il faut passer à la vitesse supérieure si on veut répondre aux objectifs de la Stratégie nationale bas carbone, précise Aïcha Mouhaddab. On doit aller plus vite et plus puissamment, en matière de qualité. Passer d'une étiquette E à une étiquette D, ça ne suffit plus. On doit arrêter avec la politique des petits pas."
Pour cela, il faut un soutien massif de l'Etat. Et, à en croire la directrice d'Aura HLM, les 1,2 milliard d'euros promis lors du dernier Congrès HLM ne suffiront pas. "C'est un effort conséquent, mais ça ne résoudra pas le problème de fond. Encore une fois, il faut une stratégie à long terme."
Aura HLM veut proposer une centrale d'achat pour mutualiser l'effort des bailleurs sociaux
Alors, pour massifier sans attendre un soutien encore plus fort de l'Etat, Aura HLM a fait le choix du collectif. "Si on veut y arriver, il faut plus de coordination entre les bailleurs, pour acheter des travaux ensemble, d'où l'idée d'une centrale d'achat, qui va voir le jour le 8 décembre."
Objectif de la structure, baptisée Start, faire plus vite et mieux ensemble. "Si on veut y arriver, il faut que les entreprises de la construction puissent développer des technologies qui répondent aux enjeux. Et pour ça, il faut qu'elles soient garanties d'avoir du volume. Ce qu'on peut leur offrir avec une centrale d'achat, qui va permettre de passer des commandes massives et d'assurer un volume d'activités conséquent."
"S'unir, pour les entreprises de la construction, comme pour les bailleurs, c'est indispensable pour massifier la rénovation."
En parallèle, la centrale va apporter aux bailleurs sociaux un gain économique, via les économies d’échelle et l’effet volume, et un gain de temps, par la mutualisation des procédures. "C'est un outil de plus pour agir en faveur de la rénovation énergétique", affirme Aïcha Mouhaddab.
Reste à savoir si la création de cette centrale ne favorisera pas uniquement les grands groupes de la rénovation énergétique. "C'est vrai que les TPE et PME vont devoir s'organiser, créer des consortiums, pour répondre à ces marchés. S'unir, pour les entreprises de la construction, comme pour les bailleurs, c'est indispensable pour massifier la rénovation."