En quelques années, la gamme des véhicules à énergies alternatives s'est bien étoffée. La Journée de la mobilité, organisée par la FFB Aura et la Fédération du BTP 74, à La Roche-sur-Foron, en dressait le panorama.
48 véhicules présentés par 18 exposants ont investi les halles de Rochexpo, vendredi 8 septembre. Une gamme de véhicules utilitaires et d'engins de chantier dans toutes les motorisations du mix énergétique : thermique, électrique, hybride, gaz, hydrogène et retrofit.
Journées de la mobilité : la FFB veut convaincre ses adhérents
"L'idée, c'est de montrer aux adhérents ce qui existe en termes de produits sur le marché et d'aides pour les inciter à passer le pas. Les choses évoluent dans ce domaine. Il y a deux ans, on parlait uniquement de véhicules électriques légers. La filière se bouge", se félicite Olivier Aubert, président de la fédération du BTP 74 et de la commission environnement et innovation à la FFB Aura. Mais le taux d'équipement est encore timide dans le BTP.
Le prix constitue sans doute le plus gros frein, variant parfois du simple au double par rapport à un motorisation thermique. "Oui, mais ensuite on oublie le plein et les entretiens coûteux", tempère Romain Dubois, attaché commercial de JCB Lyomat.
JCB a développé six véhicules électriques déclinés en plusieurs modèles conservant les mêmes caractéristiques techniques que les thermiques en termes d'autonomie, de fonctionnalités, de capacités de rendement, de puissance, "la pollution et le bruit en moins".
Un avantage certain qui ouvre le champ des possibilités. En louant une pelle électrique, l'entreprise de gros œuvre d'Olivier Aubert a pu réaliser une piscine au deuxième sous-sol d'un hôtel de Flaine. Le président table d'ailleurs sur les agences de location pour permettre à la profession de se familiariser avec le mix énergétique.
Pour François Gintrac, directeur commercial du concessionnaire Lyomat, l'électrique se révèle pertinent pour les petits engins de chantier, le diesel vert pour les véhicules de taille moyenne et l'hydrogène pour les gros. JCB devrait commercialiser sa pelle sur chenilles de 20 tonnes à motorisation hydrogène début 2025.
Le retrofit, la solution pour se convertir à l'électrique ?
En lançant Elhyte, Vincent Robin a fait le pari du retrofit en convertissant les engins thermiques au tout électrique. "L'intérêt est d'abord environnemental, en réutilisant les engins et en baissant leur bilan carbone de 70%. Economique aussi en divisant par deux ou trois le coût par rapport à une pelle électrique neuve."
Il exposait ce jour-là une pelle sur chenilles de 25 tonnes sur laquelle a été implantée une batterie de 3 tonnes, présentant entre 5 et 6 heures d'autonomie. "Nous avons développé un pack batterie amovible pour pouvoir travailler sur des cycles longs", précise le dirigeant. La machine s'apprête à être homologuée et Elhyte attaque sa production en petite série, avant de s'intéresser à d'autres modèles.
Dans le BTP, "il faut du temps" pour verdir les flottes de véhicules
Difficile de s'y retrouver parmi la kyrielle de solutions. Dans la continuité de l'étude menée en 2020 par la Cerc Aura sur les mobilités dans le BTP, le logiciel My Moov vise à accélérer la transition en épaulant les entrepreneurs dans leur démarche.
"Ce site permet de comparer les solutions et de leur proposer celles qui sont les plus adaptées à leurs besoins et à leur profil. Il les informe sur les stratégies de ravitaillement, dresse un panorama des aides nationales et locales et détaille les sept grandes étapes pour amorcer leur conversion", expliquent Perrine Billard et Stéphanie Pépin, de la Cerc Aura.
Rome ne s'est pas faite en un jour. Même si "la mobilité constitue une voie simple et immédiate pour décarboner la filière", selon Olivier Aubert, les entrepreneurs ne peuvent pas changer l'intégralité de leur parc machines du jour au lendemain. "Il faut du temps, car quand on achète une pelle ou un poids lourd, il faut qu'ils durent 15 ans."