"2022 aura été marquée par la cristallisation d'incertitudes : les prix, qui signent la fragilisation de nos marges, l'approvisionnement, les contraintes réglementaires et les difficultés de recrutement", énonce Anne Jeannolin, présidente de la Capeb de la Savoie qui tenait son assemblée générale le 9 juin, à Aix-les-Bains.
Face à ces constats, l'organisation professionnelle n'est pas restée les bras ballants. Elle s'est fait le relais des revendications de terrain émises par ses adhérents auprès des parlementaires pour les alerter sur "des réglementations qui n'ont pas toujours de sens ou des temporalités non applicables".
Dans le viseur particulièrement, la hausse des prix des matériaux, les difficultés d'approvisionnement, la rénovation énergétique, les déchets du bâtiment, les zones à faible émission, et les questions sociales dont le statut du conjoint collaborateur. La députée Emilie Bonnivard, présente à l'assemblée générale, n'a pu qu'approuver la pertinence des remontées de la Capeb pour "identifier les problèmes".
Même si la rénovation énergétique se trouve "au cœur des politiques publiques, elle ne dispose pas de moyens à la hauteur des enjeux, déplore-t-elle. La simplification des dossiers est centrale ; nous avons porté des amendements en vue de transformer Ma prime rénov' en crédit d'impôt, plus simple, et pour en augmenter les plafonds car seuls les petits travaux sont pris en charge. Nous n'avons pas de dispositif d'Etat pour inciter à la rénovation massive des bâtiments collectifs par exemple." Et pour les entreprises artisanales du BTP, c'est un manque à gagner certain.
Un escape game en projet pour promouvoir les métiers du bâtiment
Cette problématique – et plus largement toutes les questions gravitant autour de l'environnement – fait partie des deux grandes orientations de 2023 sélectionnées par le conseil d'administration de la Capeb 73. Le second étant la promotion des métiers et l'emploi. "Ça reste très compliqué. Nous sommes dans le plein emploi. Tous les métiers sont en tension", admet Jean-Philippe Bouvier, premier vice-président de la Capeb.
Anne Jeannolin se veut optimiste :
"Là où j'ai confiance, c'est que nos métiers font sens : nous sommes des acteurs locaux de la rénovation énergétique et du patrimoine, qui ne délocalisons pas. Nous savons rebondir, nous adapter à notre environnement. C'est ce qui fait notre force par rapport à de plus grosses structures."
La Capeb est en train d'élaborer un escape game, en lien avec BTP CFA, l'Afpa et l'Asder "pour que l'entrée dans la filière ne soit plus un choix par défaut mais une réelle envie", espère Anne Jeannolin. Il s'agira d'aider une famille à s'évader d'une passoire énergétique.
"L'idée consiste à mettre en valeur le geste, souligner l'importance des métiers pour l'environnement", précise Joëlle Safrand-Loup, secrétaire générale de la Capeb de la Savoie. Le jeu pourra être pratiqué au sein de forums, de Pôle emploi, des Missions locales, de BTP CFA, de l'Afpa...
Pour toujours plus de proximité avec ses près de 1 000 adhérents, la confédération a déjà commencé à organiser des réunions décentralisées dans les territoires et va créer un pôle communication pour une meilleure lisibilité de ses actions et de ses métiers. Avec le même mantra en tête : "Transmettre nos passions davantage que nos difficultés."