Ces dix dernières années, Léon Grosse a connu une activité fluctuante. Mais en 2022, le groupe a enregistré une hausse de 24 % du chiffre d'affaires. A quoi pouvez-vous vous attendre pour 2023 ?
C'est encore un peu tôt pour tirer des conclusions mais on peut déjà affirmer que l'on n'aura pas le même taux de croissance qu'en 2022. Malgré tout, l'année se présente très bien. On a attaqué avec un carnet de commandes record en janvier, autour de 1,3 milliard d'euros. Pour nous, la trajectoire restera ascendante, en croissance organique et en croissance externe, en 2023. Et cette très bonne tendance au niveau de l'activité et des chiffres financiers s'accompagne aussi d'une progression sur nos objectifs d'engagement et RSE.
"Léon Grosse s'engage à avoir un impact environnemental réduit"
C’est-à-dire ?
Un exemple. Depuis peu, nous nous sommes engagés à avoir un impact environnemental réduit. Pour ça, on s'efforce de proposer, à chaque fois que l'on répond à un appel d'offres, une variante mieux-disante au niveau environnemental. On le fait sur un quart de nos offres actuellement, mais l'objectif est de passer à 100 % d'ici 2025. On a aussi formé beaucoup de collaborateurs au bas carbone. Autre tendance sur laquelle nous voulons travailler, la part des femmes dans le management au sein du groupe. Nous voulons qu'un manager sur quatre soit une femme d'ici 2025. On est à 19 % à fin 2022.
Que pèse Auvergne-Rhône-Alpes chez Léon Grosse ?
Ça représente un quart de notre activité construction, soit 200 millions d'euros de chiffre d'affaires et 600 collaborateurs. On est présent un peu partout sur le territoire à travers différentes agences, à Lyon, Grenoble, Clermont et Aurillac, mais aussi avec notre siège social toujours basé à Aix-les-Bains, le berceau historique de Léon Grosse. Nous restons et resterons un groupe savoyard.
Jean-Stéphane Didier : "La rénovation, 40 % de nos prises de commandes en 2022"
En 140 d'existence, le groupe Léon Grosse a diversifié son activité, avec trois pôles : construction, solutions et immobilier. Comment s'établit le rapport de force actuellement ?
La construction reste ultra dominante puisqu'elle représente 82 % du chiffre d'affaires, contre 13 % pour la partie solutions et 5 % pour l'activité immobilier. Mais l'objectif reste de poursuivre la diversification et de renforcer la branche solutions, notamment les métiers de l'énergie. Nous aimerions que dans les années à venir, elle représente 25 % de l'activité. Néanmoins, la construction sera toujours notre cœur de métier.
Cette diversification s'est notamment faite à travers des opérations de croissance externe. Pourquoi ?
Le premier rachat, celui de Kyotec, nous permettait de mettre un pied dans les métiers de la façade. Ensuite, nous sommes restés à l'affût d'autres opportunités, toujours dans la même logique : avoir un effet diversifiant. C'était le cas pour Techniwood, LG Lux construction, Rinaldi ou encore Voé. A chaque fois, il s'agissait de sociétés que l'on connaissait bien, avec qui on pouvait travailler.
D'autres opérations de croissance externe sont dans les tuyaux ?
Il y en aura sûrement. Mais actuellement, notre ambition première est de digérer ces acquisitions là et de faire en sorte qu'elles s'intègrent comme il faut dans la stratégie du groupe.
Avec Kyotec et LG Lux construction, vous avez racheté des entreprises luxembourgeoises. Etendre l'activité de Léon Grosse à l'étranger, c'est une ambition ?
Une ambition non mais ça n'est pas impossible. Tout développement est consommateur de ressources. A l'international encore plus. Donc si on décide de se lancer vraiment, il faudra que ça soit pour apporter quelque chose en plus.
Aujourd'hui, un marché semble très porteur pour le secteur : celui de la rénovation. Comment se positionne Léon Grosse par rapport à ça ?
Nous avons créé une marque, en 2017, nommée Iris, et qui fait de la rénovation sociale en site occupé. Elle est présente à travers différentes agences, notamment une à Lyon, où une première opération a été traitée avec Alliade habitat, sur la commune de Vénissieux. Et ça fonctionne très bien. Le marché est en très forte croissance. Mais la vraie question pour tenir l'ampérage concernera le personnel à recruter. Si on veut répondre à ces marchés de rénovation, il faudra absolument recruter de la main d'œuvre. A l'heure actuelle, la rénovation représente 40 % de nos prises de commandes en 2022. Et la partie Iris, c'est 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, avec une croissance à deux chiffres depuis pas mal de temps.
"La première entreprise du BTP labellisée Great place to work"
Le secteur est en pleine mutation actuellement. Comment se positionne Léon Grosse par rapport à ça ?
Le carbone est au centre de toutes nos attentions. Nous sommes au cœur du dispositif pour faire de 2050 et de la neutralité carbone un objectif atteignable. Pour ça, on se doit de faire évoluer la manière dont on construit. On a déjà commencé, en utilisant des bétons bas carbone sur le chantier de notre direction régionale de Bron par exemple. Ou à Confluence, avec Albizzia où l'on mixe le béton et le bois. Mais il va falloir amplifier le mouvement. Pour nous, c'est enthousiasmant et créateur d'opportunités.
En 2018, lorsqu'il a pris la présidence du directoire, Lionel Christolomme avait annoncé vouloir faire de Léon Grosse "la plus belle ETI du BTP". C'est le cas aujourd'hui ?
On n'a pas la prétention d'affirmer cela. Néanmoins, ça reste une ambition. Et, depuis 2018, un vrai travail a été mené pour atteindre cette ambition. En 2021, nous nous étions lancés le défi de devenir la première entreprise du BTP à être certifiée "Great place to work", label référence sur la qualité de vie au travail. Ce que nous avons réussi, très rapidement. C'est une vraie fierté. D'ailleurs, nous cherchons à aller plus loin.
Comment ça ?
L'année dernière, nous avions ouvert le capital de l'entreprise à nos collaborateurs. Une opération qui a très bien marché puisque 60 % des salariés ont souscrit à cette opération (NDLR : pour 1 % du capital). Et nous avons renouvelé le process cette année. Là encore, ça a été un vrai succès puisque le taux de cotisation a été de 65 %. Au total, on va atteindre 1,7 % du capital détenu par les collaborateurs.
Pourquoi avoir fait le choix de mener ces opérations ?
D'abord pour récompenser les collaborateurs qui ont mené un gros travail pour redresser la barre chez Léon Grosse, après des années compliquées. Et ça correspond également à une demande des salariés. Ouvrir le capital, c'était un vrai geste de la part de la famille Grosse et de la direction, et un signe de confiance en l'avenir. On montre à travers ça que l'entreprise appartient à tout le monde.
Quelle est la force d'une ETI comme Léon Grosse dans le milieu du BTP ?
Nous sommes beaucoup plus agiles et résilients à des changements de marché que certains grands majors du secteur. Et, même si on a une limite en termes de projets que l'on peut aller chercher, notre état d'esprit nous pousse à sans cesse nous réinventer, sans avoir l'aspect start up qui ne peut pas vraiment durer dans le temps. C'est ce qui nous a notamment permis de passer d'une entreprise de construction a un groupe diversifié. Et cette transition est toujours en marche.