AccueilActualitésIsabelle Spiegel, directrice de l'environnement de Vinci : "90 % de béton bas carbone d'ici à 2030"

Isabelle Spiegel, directrice de l'environnement de Vinci : "90 % de béton bas carbone d'ici à 2030"

Vinci s'est doté d'une direction environnement. Objectif, faire de la question environnementale une priorité. Explications avec Isabelle Spiegel..
Le projet Universeine de Vinci, qui accueillera les athlètes olympiques en 2024, a été imaginé comme un quartier de vie durable.
©Philippe Guignard/Air Images - Le projet Universeine de Vinci, qui accueillera les athlètes olympiques en 2024, a été imaginé comme un quartier de vie durable.

Actualités Publié le ,

Vous êtes à la tête de la direction environnement du groupe Vinci. Quel est votre rôle ?

Isabelle Spiegel, en charge de la direction de l'environnement : Ma mission est de mener l'accélération souhaitée sur le sujet de l'environnement pour toutes les activités de Vinci. En 2019, le groupe a voulu devenir beaucoup plus proactif sur cette question. Concrètement, on fixe le cap, on guide, on inspire toutes les entités de Vinci vers la neutralité carbone pour 2050.

C'est aujourd'hui l'objectif de Vinci ?

Oui, mais avant d'y parvenir, nous avons souhaité mettre des jalons, des points d'étape de réduction pure des émissions. Par exemple, l'objectif est d'atteindre -40 % sur nos émissions sur les scopes 1 et 2 (NDLR : scope 1, soit toutes les émissions directes, issues de combustibles fossiles ; scope 2, soit les émissions indirectes issues de la consommation d'électricité et des réseaux de chaleur / froid) d'ici 2030, en prenant pour année de référence 2018.

Pour Isabelle Spiegel, "si Vinci ne réduit pas son empreinte carbone dès maintenant, d'autres nous l'imposeront"

Et -20 % pour le scope 3 (NDLR : émissions indirectement liées à l'activité). Concrètement, ça veut dire faire chez nous notre part de réduction d'impact, mais aussi proposer à nos clients des solutions qui s'inscrivent dans cette transition.

Vinci est un groupe polymorphe, aux nombreuses activités. Est-ce compliqué de mettre en place une politique globale de réduction de l'empreinte carbone ?

La complexité, c'est surtout la taille et la diversité des activités du groupe. Ensuite, le cap a été fixé suffisamment en amont pour que tout le monde s'en empare et l'applique à sa manière, à son rythme…

La question environnementale est au cœur de tous les choix du groupe actuellement ?

L'urgence est là et nos métiers de constructeurs d'infrastructures et de bâtiments, jouent un rôle dans l'impact environnemental. Donc nous avons un rôle clé à jouer. Et si on ne le fait pas nous, d'autres nous l'imposeront. Les pouvoirs publics par de la réglementation, les maîtres d'ouvrage à travers des critères forts dans les appels d'offres, les actionnaires… Pour nous, l'idée est de piloter cet objectif stratégique pour ne pas subir ensuite.

©Vinci - Isabelle Spiegel, directrice environnement du groupe Vinci.

Vous avez donc comme objectif de réduire de 40 % vos émissions sur les scopes 1 et 2. Pour les métiers de la construction, ça veut dire quoi ?

Pour réduire notre impact carbone, on s'est focalisé sur quatre matériaux : le béton, l'acier, le bitume et la biomasse. C'est là où l'on porte notre effort de réduction en ce moment.

Isabelle Spiegel : "5 % de l'empreinte carbone du groupe Vinci est lié au béton"

Mais concrètement, comment ça marche ?

Prenons l'exemple du béton. 5 % de l'empreinte carbone du groupe Vinci est lié au béton. C'est pour cela que nous avons développé des solutions innovantes de béton où l'on substitue une part importante du ciment par d'autres matériaux. Des innovations que l'on a d'abord testé sur notre siège social et qu'aujourd'hui on démultiplie sur de plus en plus de projets.

Pourtant, Vinci n'est pas un cimentier…

C'est vrai. Mais travailler sur la R&D de ces bétons bas carbone nous a permis de comprendre comment cela marchait, pour ensuite tester. Et aujourd'hui, on a fixé un cap de 90 % de béton bas carbone d'ici à 2030. Donc pour ça, on a mis en place des partenariats et des discussions avec des fournisseurs. Ça n'est pas toujours simple, mais on y arrive.

"Chez Vinci, nous n'opposons pas les matériaux"

Avez-vous mis en place d'autres mesures pour réduire l'impact carbone sur les chantiers ?

Oui, ne serait-ce que faciliter le recyclage. Ou le réemploi des matériaux. Ça n'est pas simple non plus puisque nous sommes encore en création de filière mais nous voulons généraliser la pratique. C'est aussi dans cette optique que nous avons lancé l'application "R-Use", qui vise à prolonger la vie des matériaux déconstruits en mettant en relation l'offre et la demande.

Vous parliez de béton carbone. Menez-vous une réflexion pour diversifier les usages ?

Bien sûr. Mais pas n'importe comment. Sur le bois par exemple, on veut d'abord avoir des réponses sur l'aspect ressource. Aujourd'hui, la forêt française n'est pas assez structurée et empêche d'avoir une utilisation amplifiée du bois. Si c'est pour tout importer massivement… De façon général, nous n'opposons pas les matériaux. La bonne recette pour nous, c'est le bon matériau au bon endroit, avec le meilleur rapport qualité prix et l'impact le plus réduit pour l'environnement.

"Nous sommes convaincus de l'utilité d'arrêter d'artificialiser des terres"

Le secteur de la construction connaît aujourd'hui une période compliquée. Or, dans l'imaginaire collectif, construire bas carbone, ça coûte cher. C'est difficile aujourd'hui de convaincre que la réduction de l'empreinte carbone est la priorité ?

L'immobilier ne va pas très bien, c'est un fait. Mais il ne faut pas opposer économie et écologie. La vision à long terme doit prendre le dessus sur tout le reste. Et c'est parfois en période de crise que l'on est le plus inventif. Malgré cette crise, on doit pouvoir se poser la question des pratiques à changer. Sur la réversibilité des bâtiments, le recyclage des friches…

Justement, parmi les mesures prises par Vinci, il y a le Zan pour 2030, soit 20 ans avant ce qu'oblige la réglementation. Pourquoi ?

Toujours dans l'idée de ne pas subir. Et aussi parce que nous sommes convaincus de l'utilité d'arrêter d'artificialiser des terres, ne serait-ce que pour conserver l'un des bénéfices précieux du sol, le stockage du carbone. Mais faire le Zan pour 2030, cela implique un vrai changement de philosophie. Notre chiffre d'affaires, jusque-là surtout fait de nouveaux bâtiments, sur des terrains vierges, va devoir basculer vers du recyclage urbain. Le Zan, c'est une modification de cap très forte, donc autant anticiper.

Partager :
Abonnez-vous
  • Abonnement intégral papier + numérique

  • Nos suppléments et numéros spéciaux

  • Accès illimité à nos services

S'abonner
Journal du 06 avril 2023

Journal du06 avril 2023

Journal du 30 mars 2023

Journal du30 mars 2023

Journal du 23 mars 2023

Journal du23 mars 2023

Journal du 16 mars 2023

Journal du16 mars 2023

S'abonner
Envoyer à un ami
Connexion
Mot de passe oublié ?