L'installation de nouvelles chaudières au gaz sera-t-elle bientôt interdite dans l'Hexagone ? C'est en tout cas une des questions que pose la concertation lancée par le gouvernement la semaine dernière et qui va durer jusqu'au 28 juillet.
Fin des chaudières au gaz : "pas la bonne solution" pour le Synasav
Objectif avoué de Matignon, décarboner les systèmes de chauffage dans le bâtiment en trouvant des solutions alternatives aux chaudières fossiles (fioul, déjà interdite, et gaz).
Une volonté de diminuer les émissions de CO2 bien comprise par les professionnels du secteur. "On se rend compte aujourd'hui qu'il est indispensable de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, admet Roland Bouquet, gérant d'Atout gaz Bouquet, dans la métropole lyonnaise, et également président du Synasav (Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique). L'urgence écologique et la crise ukrainienne nous l'ont montré."
Pourtant, Roland Bouquet l'affirme, l'interdiction pure et simple des chaudières au gaz, préconisée pour 2029 et actuellement utilisées pour chauffer plus de 11 millions de foyers en France, n'est pas la solution. "Le gouvernement semble vouloir leur remplacement par des pompes à chaleur. Mais ça n'est pas possible, pour la simple et bonne raison qu'aujourd'hui, nous ne disposons pas de suffisamment de personnels formés et qualifiés pour les installer ou les entretenir."
La pompe à chaleur, pas toujours adaptée
Autre point important selon Roland Bouquet, les pompes à chaleur ne semble pas toujours être la solution idoine. "C'est un système qui fonctionne très bien, mais pas pour tous les logements, explique celui qui est aussi vice-président de… l'AFPAC (association française pour la pompe à chaleur). Il y a des logements où l'on n'a ni la place à l'extérieur pour mettre le groupe extérieur, ni la place à l'intérieur pour mettre le ballon. Dans ces cas-là, la chaudière murale à gaz semble la solution la mieux adaptée."
Le gaz vert, la solution pour donner une seconde vie aux chaudières ?
Alors, pour maintenir la filière tout en cadrant avec les objectifs de décarbonation, Roland Bouquet milite pour le développement de filières de gaz vert. "C'est plus que jamais indispensable. La vision technocratique et simpliste d’exclure les chaudières gaz à court terme en les réduisant à une dimension "fossile", c’est oublier un peu vite que ce sont des générateurs qui fonctionnent aussi bien au biométhane ou à l’hydrogène, au bois et même à l’électricité."
Selon Roland Bouquet, la solution intermédiaire à privilégier rapidement pourrait bien se trouver dans le développement des chaudières à Très haute performance énergétique (THPE).
"Compte tenu de ses performances, de sa facilité d’installation et de réparabilité, de sa durabilité (20 ans en moyenne), c'est une excellente solution de transition pour remplacer facilement les 6 millions de chaudières "Basse Température (BT)" existantes. Passer d’une BT à une THPE c’est 20 à 30 % de consommation en moins immédiatement."
Bien décidés à se faire entendre, les professionnels du Synasav souhaitent participer activement à la consultation lancée par le gouvernement. "On va faire entendre notre voix, précise Roland Bouquet. Et faire des propositions concrètes. Encore une fois, notre volonté n'est pas de privilégier telle ou telle solution. Ce que l'on souhaite c'est que tout le monde fasse preuve de bon sens et de pragmatisme."