Sur la page d'accueil de son site internet, Eric Prudent annonce la couleur : "Mon amour pour Lyon, me motive à travailler tous les jours pour son embellissement et le maintien de son patrimoine !" Ainsi, l'artisan participe à la conservation d'un patrimoine local, et exerce dans un marché de niche : la réparation et l’entretien des jalousies lyonnaises.
Aussi appelées brise-soleils orientables, elles sont composées de lames horizontales suspendues dans un réseau de chaînettes et de cordes.
"C'est un savoir-faire traditionnel qui tend à disparaître, explique Eric Prudent. Et qui demande des compétences particulières pour appréhender le travail en hauteur et la difficulté de certains travaux, notamment lorsque les fenêtres ont des impostes fixes qui augmentent considérablement les interventions."
Aujourd'hui, les matériaux ont tant augmenté, "de +25 % à 40 % selon les produits", que les particuliers hésitent à changer leurs jalousies. "Pourtant, les jalousies lyonnaises sont les ancêtres de ce que l'on appelle les brise-soleil orientables (BSO), qui permettent de doser la lumière sans exposer excessivement les logements au soleil. Les jalousies sont nommées ainsi parce qu'elles permettent de voir dans la rue sans être vu de l'extérieur".
Les jalousies lyonnaises, un héritage des stores vénitiens
Les jalousies lyonnaises sont le plus souvent posées sur les fenêtres des bâtiments en secteur sauvegardé et réglementé par l'architecte des bâtiments de France. A Lyon, c'est un immense périmètre qui touche de nombreux arrondissements de la capitale des Gaules. De quoi garantir du travail à Eric Prudent, un amoureux de Lyon. "C'est l’épicentre mondial de la jalousie", plaisante-il.
Les réparations suffisent à remplir une bonne partie de son activité. "Ce sont les ficelles à changer, les rouleaux à réparer, des lattes toutes en bois. Les jalousies, ce sont des stores vénitiens, importés par les Italiens venus en France à la Renaissance..."
Trois poseurs de jalousies lyonnaises à Lyon
Avec un BEP de mécanique auto, Eric Prudent n’est pas né dans la jalousie lyonnaise : "J’ai créé mon entreprise artisanale en 2011. J’ai eu la chance d’apprendre cette spécialité avec l’entreprise Joubert…" Ils ne sont plus que trois poseurs de jalousies lyonnaises à Lyon à l'heure actuelle.
Aujourd'hui, l'artisan déplore l'arrêt du crédit d'impôt d'Etat au profit des primes et certificats énergétiques : "Le crédit d'impôt permettait aux revenus moyens de compenser de 30 % le remplacement des jalousies. Ce n'est plus le cas, et à cause de ça, j'ai perdu plusieurs chantiers." Pour compléter son activité, Eric Prudent pose également des brise-soleils en aluminium et des fenêtres en PVC, "qui ont un meilleur rapport qualité-prix".
Il reste très peu de fabricants de jalousies lyonnaises : "Je travaille avec une entreprise de Meyzieu La Jalousie lyonnaise-Binelli Stores. Une bonne jalousie en bois de sapin peut durer 80 ans. La peinture y est appliquée au pinceau, c'est plus résistant. Mais cela nécessite des réparations et de la maintenance, sur les drisses, les cordes, que l'on remplace aujourd'hui par des ficelles en polyamide plus solides. La jalousie lyonnaise est en gris n°7035, c'est une règle, mais on voit parfois des couleurs plus fantaisistes, des délires d'architectes."
Eric Prudent travaille seul sur les jalousies lyonnaises, même s'il emploie parfois les services de sous-traitants sur des chantiers, plus conséquents, de renouvellement de fenêtres. "Mes fenêtres bois sont fabriquées à Meys chez Boinon, mes fenêtres PVC sont faites à Givors et dans l'Isère, et les éléments en aluminium sont fabriqués à Brignais. Je travaille en local."
L'artisan ne travaille pas sur les bâtiments neufs : "Quelques collègues le font", précise-t-il. Le professionnel pose aussi, remplace ou répare les fameux lambrequins en métal ou en bois qui forment comme un court rideau sur la traverse haute de la fenêtre.
de l'organisation professionnelle Capeb Auvergne-Rhône-Alpes.