Quelques jours après avoir accueilli la journée régionale du Pôle Habitat FFB dans ses locaux, la Fédération du BTP de l’Isère tire la sonnette d’alarme et relaie les vives inquiétudes de la filière concernant le devenir de ses entreprises adhérentes dans le contexte actuel.
"Ce qui m’inquiète le plus, c’est que nos adhérents ne se rendent pas tous compte de ce qui se passe… On voit le mur arriver !"
La Fédération BTP Isère dénonce une crise du logement en Isère
Pour faire face à cette crise du secteur immobilier,Bertrand Converso, président de la Fédération du BTP de l’Isère, accompagné de Marie-Hélène Pons-Puricelli, vice-présidente, a interpellé les pouvoirs publics mais aussi leurs clients sur les conséquences de la crise de la production de logements dans le département comme partout en France.
Selon la CERC Auvergne-Rhône-Alpes, observatoire régional de la filière construction, tous les curseurs sont à la baisse : -18,3 % de logements mis en chantier à fin août 2023 par rapport à N-1 et -44,4 % de logements autorisés par rapport à la même période l’an dernier. La baisse est également marquée dans la construction de bâtiments non-résidentiels : -3,5 % pour ce qui est des surfaces commencées et – 18,6 % pour les surfaces autorisées.
La rénovation n’est pas en meilleure santé, puisque la CERC annonce -10 %, à la fin du deuxième trimestre 2023, concernant les travaux de rénovation énergétique MaPrimeRénov par rapport à N-1. "Les défis de la rénovation ne suffisent pas à surmonter la crise qui est devant nous", déplore Bertrand Converso.
Délais de paiement : une pratique insupportable pour les entreprises du BTP
"La difficulté est que nous travaillons sur le temps long, poursuit Marie-Hélène Pons-Puricelli, insistant sur la nécessité de bénéficier d’une visibilité à plus ou moins long terme. Un appel d’offres prend en moyenne six mois à être traité. Les entreprises de second-œuvre comme celle que je dirige, n’interviennent qu’un an après au mieux. Puis, le chantier dure 18 mois. Cela signifie que nous devons avoir un carnet de commandes sur au moins un an et demi devant nous pour que nous puissions fonctionner correctement."
Or, non seulement les commandes baissent mais en plus celles qui ont le feu vert administratif ne sont pas forcément lancées. "De nombreux projets n’aboutissent pas du fait des difficultés financières des collectivités locales, notamment. Un promoteur immobilier peut arrêter une opération du jour au lendemain."
Isère : le nombre de défaillances augmente pour les entreprise du BTP
Autant de revers qui, avec la hausse des prix des matières premières difficile, voire impossible à répercuter, impactent la trésorerie des entreprises du BTP jusqu’à, pour certains, devoir mettre la clé sous la porte. Le nombre de défaillances d’entreprises en Isère s’élève à 227 sur les quatre derniers trimestres, soit une augmentation de +58,7 %.
"Si l’activité continue de baisser, la courbe risque d’être exponentielle", confie Bertrand Converso qui en appelle aux collectivités locales, aux entreprises et aux particuliers afin qu’elles règlent leur dû aux entreprises du BTP dans les temps impartis.
"Nous avons trop d’argent dehors. Nous avons un an, voire plus de délais de paiement. Jusqu’à présent c’était supportable à défaut d’être acceptable. Aujourd’hui, ça ne l’est plus. Nous sommes arrivés à l’os."