Comment répondre au besoin de développement économique des entreprises alors que le foncier se tarit ? L'équation est la suivante : le territoire de Métropole Savoie (regroupant Grand Lac, Grand Chambéry et Cœur de Savoie) a artificialisé 830 ha sur la dernière décennie, compte 1540 ha de zones à vocation économique et 600 m² à créer par hectare pour répondre aux 38 000 emplois supplémentaires nécessaires d'ici 2040.
Un livre blanc pour trouver des mètres-carrés supplémentaires
Chambéry Grand Lac Economie (CGLE), qui gère les parcs d'activités des agglomérations aixoise et chambérienne, a édité un livre blanc, disponible à la fin de l'année, guide de bonnes pratiques destiné aux entreprises pour trouver des mètres-carrés supplémentaires.
LeZan (Zéro artificialisation nette) les contraint, la topographie aussi, entre lac et montagnes. "Certes, on ne peut plus construire comme avant, mais cela fait plusieurs années qu'on ne veut plus surtout. Il suffit de regarder nos parcs d'activité, de comparer les Zac 1 et 2 de Savoie Technolac. On ne raisonne plus parcelle par parcelle mais par îlots, en mutualisant la voirie et le stationnement ", introduit Luc Berthoud, vice-président de CGLE, lors du salon Décidia.
Pour Chambéry Grand Lac Economie, il faut surélever, s'étendre, réhabiliter
Des solutions existent. Lucie Jouannard, directrice de projet chez Syvil Architectures, a identifié trois gisements possibles : requalifier les nappes de stationnement en construisant des parkings en silo par exemple, densifier les parcelles des entreprises qui déménagent et inviter les entreprises à se développer sur leur foncier.
Comment ? Déjà, en se surélevant, quand c'est possible. Tout dépend de la hauteur autorisée par le PLU, du risque sismique, de la structure du bâti, qui ne peut peut-être pas supporter de charges lourdes.
Puis en s'étendant. "Il existe des leviers pour libérer des emprises au sol : utiliser un parking mutualisé, mettre le stationnement sur plusieurs niveaux ou sur le toit. On peut aussi optimiser les surfaces de livraison qui prennent de la place du fait des manœuvres en imaginant un renfoncement, un espace partagé avec le voisin ou une double entrée. Les espaces de stockage peuvent être verticalisés ou superposés avec le stationnement ", propose Mme Jouannard.
Dernière solution : réhabiliter. L'entreprise a déjà acheté du foncier mais ne l'occupe pas encore. Le meilleur moyen pour obtenir un espace sur mesure.
Du stationnement aujourd'hui, qui peut être supprimé demain
La zone d'activités des Sources, à Grésy-sur-Aix, vierge de toute construction, se révèle idéale pour mettre en pratique ces astuces. "Notre état d'esprit a évolué en matière de modes de déplacement et sur le fonctionnement d'une entreprise ", indique Stéphanie Stoller, directrice adjointe de l'agence d'architecture Patriarche, au Bourget-du-Lac.
Elle prend justement l'exemple de son entreprise, passée de 30 à 200 vélos en cinq ans, qui a besoin, de fait, de moins de places de parking. A Grésy-sur-Aix, l'agence a travaillé sur un bâtiment "le plus modulable possible ". Il disposera de stationnements qui pourront être transformés en ateliers ou bureaux à l'avenir grâce à des rampes d'accès extérieures démontables.
En montagne, densifier plus qu'ailleurs
Patriarche avait expérimenté le concept de modularité et gain d'espaces sur le bâtiment SuperNova, livré en 2021, à Savoie Technolac. Un édifice composé de deux ailes de cinq niveaux, bien plus élevé que ceux qu'on trouve sur la Zac 1 et un peu plus que ceux de la Zac 2.
"Vu les montagnes, ici, on peut se permettre de densifier plus qu'ailleurs", juge l'architecte. Finalement, SuperNova fait le lien entre la Zac 2, tertiaire, et la future Zac 3, tournée vers l'industrie et la production.
L'immeuble, mixte, comprend des ateliers au rez-de-chaussée, un centre de formation, un espace de coworking, des bureaux et un restaurant au dernier étage. Pour des raisons esthétiques et une meilleure gestion des flux de circulation, les livraisons s'opèrent par la voirie centrale entre les deux ailes.
A l'intérieur, les espaces sont divisibles, ont été mutualisés, que ce soit les terrasses communes à tous les étages ou les salles de réunion, "l'endroit le moins utilisé d'une entreprise qui paradoxalement prend beaucoup de place ".
Les dalles ont été renforcées pour pouvoir accueillir à l'avenir des ateliers plutôt que des bureaux, d'autant plus qu'un monte-charge dessert tous les niveaux. Oui, demain sera résolument vertical.