Le 27 août dernier, un éboulement a paralysé plusieurs grands axes de la Maurienne. Ce fait divers a-t-il eu un impact sur l'activité de vos adhérents ?
David Gandaubert, président de la Fédération BTP Savoie : Bien sûr ! Pendant deux semaines, la haute et la basse Maurienne ont été coupées, ce qui a impacté l'approvisionnement des chantiers et les salariés. Conséquence, certaines de nos entreprises ont sous-exploité leur outil de production. D'autres ont même dû avoir recours au chômage partiel. Aujourd'hui, avec la réouverture de l'A43, ça va mieux. Il reste encore une problématique, les convois exceptionnels. Ils ne peuvent pas prendre l'autoroute.
David Gandaubert : "Le Lyon-Turin n'est plus un projet, le chantier est déjà lancé !"
Comment faire pour que ça ne se reproduise plus ?
Il faut avoir une vision à long terme. Et travailler sur la sécurisation de ce tronçon, qui restera incertain tant que rien ne sera fait. Avec la Fédération, nous militons pour des aménagements des demi-échangeurs entre La Praz et Le Freney et pour une condamnation de la RD1006 qui, quoiqu'il arrive, posera à nouveau problème.
Selon certains, cet évènement ne fait que confirmer l'aspect indispensable du Lyon-Turin, pour désengorger le secteur. Avec la Fédération BTP 73, vous vous êtes positionnés en défenseurs du projet. Comprenez-vous qu'il suscite encore autant de débats ?
Non. Principalement parce que le Lyon-Turin n'est plus un projet. Le chantier est lancé depuis longtemps donc il faut que l'on arrête de parler de projet. Aujourd'hui, ça m'agace de voir que l'on remet en cause un chantier en cours, où des fonds ont été mobilisés. C'est un peu un déni de démocratie.
"On veut mobiliser plus largement que la Fédération BTP Savoie"
Plus largement, comment vont les adhérents de la Fédération ?
C'est compliqué. Habituellement, une fédération comme la nôtre est là pour aider ses adhérents à lever la tête et voir ce qui va arriver. Sauf qu'aujourd'hui, on ne sait pas ce qui va arriver. Et ça inquiète. On sort d'une période d'activité soutenue, avec des problématiques d'emploi. Ça, on savait gérer. Sauf que là, on est dans le flou.
Le logement a été sacrifié, les demandes de permis de construire et de mises en chantier sont en chute libre. C'est très problématique, surtout dans des départements comme la Savoie, avec une démographie positive et qui doit accueillir du monde. A côté de ça, on peut ajouter le ZAN, les ZFE, la fin de l'avantage fiscal sur le GNR… Ça fait beaucoup. Selon moi, s'il n'y a pas un changement de cap, on va vivre une crise du logement sans précédent. Ça commence déjà. On a de plus en plus de défaillances d'entreprises.
Comment faire face à ça ?
Même si le contexte est morose, il ne faut pas rompre la chaîne des investissements. Tant publics que privés. Si on veut relever la tête, c'est l'affaire de tous.
Face à ce contexte compliqué, quel est votre rôle en tant que fédération ?
Depuis un an, on essaie d'être acteur de notre territoire. Pour ça, on veut mobiliser plus largement que la Fédération BTP Savoie. Avec les élus, les bailleurs, les promoteurs, les architectes, les notaires, les parlementaires, on essaie de faire bouger les choses. C'est dans cette optique que l'on a créé ABC 73.
Pour David Gandaubert, "le BTP reste un formidable ascenseur social"
Quel est sa mission ?
Faire que tous ensemble, on arrive à faire bouger les lignes pour traverser cette crise. Pour ça, on essaie de réfléchir à mieux construire demain, mieux densifier… On veut proposer une boîte à outils qui servira à lever les freins pour que l'on puisse continuer à construire.
Le BTP est souvent montré du doigt et catalogué comme secteur pollueur. Ça vous agace ?
Bien sûr ! Le secteur reste polluant, c'est vrai. Mais il y a tellement d'efforts qui sont faits de tous les côtés. Dans le verdissement de nos flottes, dans les changements de matériaux, dans l'évolution de l'acte de construire et de rénovation… On n'en parle pas assez. Comme on ne parle pas assez du fait que le BTP reste un formidable ascenseur social, qui embauche, qui forme, qui accompagne, qui offre des plans de carrière…
Les besoins de recrutement restent importants pour vos adhérents ?
C'est en train de se tasser. Pour les TP, ça commence à tirer la langue. Même chose pour le gros œuvre. Après, pour le second œuvre, c'est un peu moins vrai, puisqu'il y a un peu plus de visibilité pour l'instant. Même si, comme je l'ai déjà dit, c'est l'après qui nous inquiète.