Délicate entreprise que d'aménager un site à forts enjeux touristique et écologique au bord du lac du Bourget, comme peut l'être la Croix verte, au Bourget-du-Lac. D'ailleurs, depuis 40 ans, les municipalités successives s'y sont cassé les dents, ne parvenant pas à trouver un consensus.
Le maire actuel, Nicolas Mercat, y est finalement arrivé en cinq mois, en menant une large concertation auprès de la population, des écoliers et des touristes qui ont co-construit le projet.
Redonner au site de la Croix verte au Bourget-du-Lac un aspect plus naturel
Le site concentre à la fois des activités de loisirs, comme la plage, le mini-golf, les courts de tennis, le yatch club, le camping, bordées par le domaine de Buttet, espace naturel sensible, réserve de la biodiversité et couloir migratoire de nombreux oiseaux, dans lequel se trouve également le château classé de Thomas II.
Un site malgré tout peu valorisé, avec la présence prégnante de véhicules, fréquenté par plus d'un million de visiteurs par an, venant principalement de l'extérieur et à 75% en voiture. "On passe de 600 véhicules par jour à 12 000 en période de forte affluence ! On ne peut pas rester comme ça", estime l'élu, qui craint les engorgements que connaissent les rives des lacs d'Annecy et d'Aiguebelette.
La voiture sortie du cœur de site de la Croix verte
La gestion des flux de circulation et de stationnement aura été finement passée au crible pour aboutir à une situation d'équilibre. L'accès au site en voiture sera toujours possible mais maîtrisé avec une incitation forte à préférer les mobilités douces et une continuité piétonne complète depuis le bourg jusqu'à la plage.
Les parkings seront sortis du cœur du site, recalibrés (un au Nord de 140 places, un au Sud de 220 places), le stationnement deviendra payant en bord de lac pour favoriser la rotation et les pointes – au-delà de 700 véhicules garés – absorbées grâce à structures en dehors de la zone.
"Nous allons créer deux parkings gratuits multiusages à 7 mn à pied et il sera toujours possible de se garer, lors des périodes de forte affluence, sur les 1350 places de Technolac, à 15 mn à pied grâce à des liaisons en site propre et en bus."
Les flux piétons et cyclistes seront différenciés. Le boulevard Coudurier, parallèle à la plage, deviendra piéton et cyclable. Seul le pourtour de la zone sera accessible à vélo, le cœur devenant complètement piéton. Un grand parking vélo sécurisé sera créé.
L'organisation du site de la Croix vert repensée
L'organisation du site a été repensée selon une idée de gradation émise par les écoliers pour passer d'un espace artificialisé en bord de lac à un aspect de plus en plus naturel en s'éloignant des rives. Dans la zone dédiée aux loisirs, la plage va être agrandie pour pouvoir profiter de l'ombre des platanes.
A l'instar des courts de tennis, rénovés il y a peu, le bâtiment du mini-golf sera refait. On trouvera également un terrain de pétanque, de beach volley, un point location vélo et une aire de jeux. Une grande esplanade permettra l'organisation d'événements et une butte la séparera de l'aire de camping-cars.
Plus tard, la mise en valeur du château de Thomas II
Plus bas, l'espace, pensé comme une zone propice au calme et à la contemplation, sera aménagé avec du mobilier en bois pour pouvoir s'allonger, se reposer, lire, profiter du verger et des grands arbres, jouer et pique-niquer.
Des prairies humides constitueront la zone très naturelle et un ruisseau sera découvert pour un lien direct entre le lac et la zone humide.
Plus tard, la municipalité s'attaquera à la mise en valeur du château de Thomas II par un éclaircissement des lieux pour en dégager la vue et la création d'un miroir d'eau sur ses douves.
Deux parvis d'accueil, dotés de sanitaires, jouxteront les parkings Nord et Sud. Celui du Nord fera le lien avec la plage et pourra accueillir kiosques et foodtrucks. Celui du Sud sera un lieu d'information et d'orientation, porte d'entrée de la zone naturelle de Buttet et du château de Thomas II.
Croix verte : un projet à 4 millions d'euros
Coût global de l'opération : 4 millions d'euros. La moitié sous la maîtrise d'ouvrage de la communauté d'agglomération de Grand Lac (700 000 euros d'autofinancement, 1 million d'euros de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et 300 000 euros de la Département de Savoie). L'autre moitié financée en fonds propres par la commune pour l'agrandissement et la création de parkings, la refonte des accès, la reprise de l'aire de camping-car et du mini-golf.
"Le projet a pris du retard car la consultation des entreprises, infructueuse, a dû être relancée", indique le maire. La première phase de travaux a débuté le 5 septembre et sera livrée à la fin de l'année. Il s'agit principalement de réaménager le parking Sud. La partie centrale sera traitée entre janvier et avril 2024, la plage et la zone de loisirs entre janvier et mai 2024.