Que pensez-vous de ce salon Espace BTP/InnovDayTP ?
Le salon Espace BTP/InnovDay TP témoigne de la vitalité de notre secteur et de l'innovation. C'est l'inscription de nos métiers dans l'accélération de la transition écologique. Il n'y a pas de transition sans innovation. C'est un axe que je veux développer dans mon mandat.
Quels sont les leviers pour décarboner le métier ?
Il faut savoir que l'acte de construire n'émet que 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre, sur les émissions globales de la France, qui ne représentent que 1,5 % des émissions mondiales. L'important, c'est l'usage qui est fait de nos infrastructures, ce qui est vecteur de 50 % de ces émissions. Il faut entretenir et moderniser : rouler sur une infrastructure dégradée, c'est +15 % d'émissions de GES. Il faut également innover pour récupérer l'eau sur les routes par exemple.
Alain Grizaud, FNTP : "Les travaux publics ont une expertise"
Les créations d'infrastructures s'amenuisent dans le pays…
Si l'on veut de l'équité dans les territoires il faut créer des voies de communication, on n'a pas le choix. Mettons l'accent sur la création des RER métropolitains par exemple.
Vous êtes canalisateur de métier. Le problème majeur de l'eau, comment le traiter ?
Globalement, le pays reçoit à peu près le même volume d'eau tous les ans. Le problème vient que cela tombe en épisodes très denses. Cette eau qui tombait de façon linéaire au fil des saisons, n'effectue plus correctement son travail d'irrigation des sols. Il faut se poser les vraies questions, comment stocker cette eau ? Comment éviter qu'elle détruise les biens, les terres, les infrastructures lors de catastrophes ? Comment gérer l'usage et le partage de l'eau ?
Comment les travaux publics peuvent-ils apporter des réponses ?
Les travaux publics ont une expertise. Commençons par l'anti-gaspillage. On perd environ 25 % de l'eau distribuée dans le pays dans les canalisations. On peut être des incitateurs. Nous sommes porteurs de technologies, notamment sur la réutilisation des eaux usées. Ensuite, il faut prévenir, nous sommes en train de réaliser un gros travail de cartographie des risques sur les infrastructures. Il faudra certainement recalibrer, requalifier nos infrastructures. Il faut adapter à nos typologies de territoires, on ne peut pas être totalement pour, ni totalement contre les bassines par exemple. Nous avons aussi des technologies pour récupérer les eaux de ruissellement et les dépolluer.
Pour Alain Grizaud, "la transition écologique offre des perspectives d'avenir"
On voit que le bâtiment est à la peine, faute de constructions de logements. Comment se portent les travaux publics ?
Ils se portent bien, la transition écologique nous offrent des perspectives d'avenir. Le rapport Pisani-Ferry remis à la Première ministre le montre bien. Il faut ajouter 35 milliards par an dans nos infrastructures jusqu’à l'horizon 2050. Les seules problématiques que nous avons, c'est de bien flécher et sacraliser ces financements, et par ailleurs, le recrutement. Mais sans excès, en restant vigilant aux fluctuations de la conjoncture.