Neuf ans après sa mise en service, l'abattoir de Chambéry vient de faire l'objet de travaux de modernisation et d'extension. Un investissement de 4 millions d'euros, co-financé par le Département de la Savoie, Grand Chambéry, un prêt de 2,8 millions d'euros, et subventionné à hauteur de 826 000 euros par l'Etat au titre du Plan de relance.
Agrandissement de l'abattoir de Chambéry : un projet de 8 millions d'euros
En 2014, 8 millions d'euros avaient été injectés dans la construction d'un nouveau bâtiment, avenue de la Houille Blanche, d'une capacité d'abattage de 3 000 tonnes par an, comprenant un atelier de découpe d'une capacité de 400 tonnes par an, et un atelier pédagogique accueillant en formation les apprentis bouchers de la MFR Le Fontanil.
"L'ancien abattoir, malgré de multiples remises aux normes, était devenu obsolète et surdimensionné, d'une capacité d'abattage annuel de 30 000 tonnes", glisse Gilbert Guigue, président du syndicat mixte de l'abattoir de Chambéry (Smac), co-financé par le Département de la Savoie (75 %) et Grand Chambéry (25 %).
En 2019, le Smac a commandé un audit pour définir les axes de consolidation et de développement de l'outil. Il en est ressorti la nécessité d'opérer des ajustements pour améliorer la sécurité sanitaire, le bien-être animal et les conditions de travail des 20 salariés, en jouant sur l'ergonomie des postes et en minimisant l'intervention humaine.
L'implantation de panneaux photovoltaïques et d'un méthaniseur en projet pour l'abattoir de Chambéry
Chaque semaine, 70 bovins, 50 veaux et 250 porcs rentrent à l'abattoir. Leur arrivée sur site a été perfectionnée. Une stabulation porcine a été construite et les couloirs élargis "car les porcs ont besoin d'avancer de front", précise Alexis Ferreira, directeur de Savoie abattage, le délégataire de l'abattoir.
L'amenée des veaux a elle aussi été améliorée et des parcs extérieurs couverts créés. L'extension accueille aussi une salle pour le traitement des cuirs, un nouvel espace de stockage des emballages et un nouveau groupe froid, moins énergivore, doté d'un système de récupération de chaleur permettant de préchauffer l'eau chaude sanitaire.
Abattoir de Chambéry : 700 000 euros d'équipements supplémentaires
Les chambres froides de stockage ont été agrandies pour faciliter le flux de marchandises et accroître le volume stocké. "Nous pouvons ainsi libérer les carcasses dans les délais", ajoute M. Ferreira. Une chambre froide de congélation a été ajoutée pour développer l'activité viande hachée assaisonnée. Le prolongement des barrières d'enceinte, l'instauration de la vidéosurveillance et des contrôles d'accès participent à la sécurisation des lieux.
De son côté, le délégataire va financer des équipements complémentaires pour plus de 700 000 euros, qui devraient être subventionnés par l'Europe et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
D'autres investissements devraient intervenir à l'avenir : la mise en place d'un process pour fournir des caillettes de veaux utiles à la fabrication du beaufort, l'installation de panneaux photovoltaïques dans un but d'autoconsommation et d'un méthaniseur qui transformerait les déchets produits en biogaz pour chauffer l'eau.
En Savoie, l'inquiétude face au projet de construction d'un abattoir en Haute-Savoie
La Savoie a la chance de compter sur son sol quatre abattoirs de proximité au service des circuits courts. En 2022, celui de Chambéry a géré 2700 tonnes d'abattage, 250 tonnes de découpe, 20 tonnes de transformation (saucisses, merguez, pâtés).
"Il y a moins de consommation de viande qu'auparavant mais les consommateurs veulent une viande de qualité et tracée", estime le président du Département de Savoie, Hervé Gaymard.
L'équilibre actuel pourrait se trouver ébranlé par la perspective nourrie par le Département de la Haute-Savoie de construire un grand abattoir, enlevant potentiellement les 400 tonnes traitées annuellement par l'équipement chambérien, comme le redoutent Jean-Michel Masson, PDG de Savoie abattage, et Thierry Repentin, président de Grand Chambéry.
"Il faut en appeler à la responsabilité pour que l'équipement ne soit pas fragilisé par des investissements qui ne sont pas nécessaires au regard de l'évolution de la filière viande", juge M. Repentin.